LES ÉPISODES

MARDI 1ER FÉVRIER 2022 — 20H15
Cinéma Utopia
5 Place Camille Jullian, Bordeaux
Tarif : 7€ ou Ticket abonnement



Peggy Ahwesh, The Blackest Sea — Courtesy of Electronic Arts Intermix (EAI), New York.


ÉPISODE 1 / ANIMATION BREAKDOWN

— « C’est sans danger, ce n’est qu’un film d’animation, ça n’a pas d’effet sur les gens », proclame un des personnages en image de synthèse de THE EXTERNAL WORLD (2000, 17 min.), l’occasion dès lors pour son auteur, David O’Reilly, de se livrer à un joyeux jeu de massacre dans un univers peuplé de figures de cartoons dégénérées et désespérées, offrant nombre de ressemblances peu fortuites avec la réalité. La « réalité », telle qu’elle est dispensée par la télévision et les chaines d’information en continu, est féconde en désastres en tous genres résultant principalement de l’action humaine. Le critère du « pire à venir » contamine l’espace médiatique, et le spectacle de la catastrophe semble dominer l’horizon de l’imaginaire, notamment cinématographique, depuis le début du millénaire et un certain 11 septembre. L’esprit de l ‘époque, déboussolé, va jusqu’à insuffler ses inquiétudes dans le cinéma d’animation, dont les potentialités graphiques permettent, « sans danger », tous les débordements.
Dans ce premier ÉPISODE, amorçant une série de rendez-vous consacrés au court métrage expérimental et aux formes hybrides, la production numérique de la destruction et la représentation des menaces qui lézardent le temps présent (dérèglement climatique, enjeux écologiques, économiques et sociaux, crise migratoire, etc) traduisent avec une bonne dose d’ironie, voire de cynisme, la distance qui nous sépare des faits réels dans un monde de virtualité de plus en plus dépendant de la technologie.

La réalisatrice américaine Peggy Ahwesh, après des heures passées sur le jeu vidéo d'action Tomb Raider, s’est demandé dans SHE PUPPET (2001, 15 min.) si son héroïne Lara Croft, prisonnière d’une identité programmée dans un monde artificiel soumis au péril constant, ne se poserait pas des questions existentielles sur le sens de ses vies, morts et renaissances successives. Dans son diptyque le plus récent, composé de THE BLACKEST SEA et de THE FALLING SKY (2016-17, 9 min. 30 chacun), Ahwesh détourne les images d’une chaine d’infos Taïwanaise sur Internet qui a exclusivement recourt à l’animation en 3D pour traiter sur un mode aseptisé l’actualité la plus tragique. C’est une esthétique similaire qu’adopte l’artiste barcelonais Aleix Pitarch pour revenir avec ORDERS (2020, 30 min.) sur un canular téléphonique glaçant qui avait défrayé la chronique dans les années 2000, faisant largement écho aux fameuses expériences de Milgram (Yale, 1961) et de Zimbardo (Stanford, 1971) où étaient questionnées les limites de la soumission à l’autorité. À l’opposé, la viralité et le clonage incontrôlé sont les sources d’inspiration de l’animateur britannique Cyriak, dont MALFUNCTIONS (2014, 2 min.) transforme en hilarant cauchemar un film de propagande des années 60 sur le mode de vie nord-américain. Pour sa part, David Fidalgo Omil, avec le bien-nommé REALITY (2020, 8 min.), revisite une saison de télé-réalité espagnole au travers d’un parti-pris graphique qui ne laisse aucun doute sur le caractère régressif d’un tel succès d’audience en plein confinement.
Vous avez dit « Persuasion clandestine » et « servitude volontaire » ?


Peggy Ahwesh, The Falling Sky — Courtesy of Electronic Arts Intermix (EAI), New York.

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Durée totale du programme : 1h31
Tous les films sont en VOSTFR.
Avertissement : certains propos et images sont susceptibles de heurter la sensibilité du public.

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