BEAT GENERATION : DEUX FILMS
dimanche 1er avril 2012 - 16h
auditorium du CAPC Musée d'art contemporain de Bordeaux7 rue Ferrère, Bordeaux
entrée 5 € (gratuit pour les abonnés et les amis du CAPC)
www.capc-bordeaux.fr
au programme :
THE END
Christopher Maclaine
(USA, 1953, n&b et couleur, 16mm transféré en vidéo, vostf, 35 min.)
PULL MY DAISY
Robert Frank & Alfred Leslie
(USA, 1959, n&b, 16mm transféré en vidéo, vostf, 28 min.)
une séance proposée par Monoquini dans le cadre du festival Cinémarges
www.cinemarges.net
« Il y a maintenant un cinéma qui devient aussi difficile à traduire que la bonne littérature : Jack Smith, Ken Jacobs, Bob Fleischner, Christopher Maclaine... Le mot, ou pour être plus exact, la voix humaine est advenu(e) au cinéma. »
Jonas Mekas, Ciné-Journal, (Sur le cinéma vérité et la vérité de la voix humaine, 31 octobre 1963),
Éditions Paris Expérimental.
Cette séance convoque la présence au cinéma de deux figures de la Beat Generation, l’une emblématique et l’autre, carrément confidentielle.
En effet, on sait peu de choses sur la vie de Christopher Maclaine (1923-1975), un poète de San Francisco qui a publié quatre numéros du magazine Contour (1947-49) et édité trois recueils personnels, inédits en France :
The Automatic Wound (1948), The Crazy Bird (1951) et The Time Capsule (1960). Il a réalisé par ailleurs quatre films dans les années 50, The End (1953) étant programmé dans le cadre de Cinémarges. Il est mort misérablement dans un hôpital psychiatrique, des suites d’un parcours chaotique et suicidaire.
Le cinéma de Maclaine est l’expression la plus parfaite de la sensibilité beat à son origine. Actif dès les années 40 sur la scène de North Beach - the San Francisco Poetry Renaissance - , il a participé à des publications confidentielles au côté de Michael McClure, Robert Duncan, Kenneth Patchen et Philip Lamantia, et donnait des lectures de poésie lors de sessions rap tardives dans les cafés et les clubs de jazz.
The End, saga d’une apocalypse nucléaire imminente qui dépeint le dernier jour sur terre de six personnages errants, objet profondément inventif et déroutant pour son époque, sans doute la première manifestation d'une sensibilité beat au cinéma, est une redécouverte rendue possible grâce aux recherches du critique britannique Mark Webber et à la restauration des films effectuée par le Lux à Londres.
À l'inverse, Jack Kerouac est l’écrivain emblématique de cette génération en rupture avec l'Amérique puritaine et conservatrice des années 50, popularisé par le roman autobiographique Sur la route, qui voit le propos d’une pièce de théâtre inédite adapté à l’écran par Robert Frank et Alfred Leslie : c’est le célèbre Pull my daisy (1959), justement sous titré The Beat Generation, où apparaissent Allen Ginsberg, Gregory Corso, Peter Orlovsky, Delphine Seyrig, soutenus par la voix-off de Kerouac. D'après une anecdote de la vie de Neil et Carolyn Cassady, un diner auquel est invité un respectable vicaire finit dans le chaos comique le plus total avec l'irruption d'amis bohèmes plutôt imbibés et sans soucis des convenances.
Un des films indépendants qui marque significativement l'émergence du New American Cinema, dans le sillage de "l'appel en faveur d'un dérèglement de tous les sens" lancé alors par Jonas Mekas.
Chacun de ces films rappelle l'étymologie du terme beat : le premier, sombre, fragmenté, reflet du temps de la Guerre Froide, renvoie au sens argotique de "battu", "laminé", "cassé", quand le deuxième illustre la vision béate (béatitude, illumination, "satori"), cool (désinvolte), empreinte du beat (pulsation) du jazz, selon Jack Kerouac.
Peter Orlovsky, Gregory Corso et Allen Ginsberg sur le tournage de Pull My Daisy de Robert Frank.
Photo : John Cohen.
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(...in progress...)