Une fois par mois au Cinéma Utopia, LES ÉPISODES se suivent mais ne se ressemblent pas.
Le court métrage expérimental, les films d’artistes et de plasticiens, le cinéma de recherche, sont rarement montrés en salles obscures en dehors des festivals spécialisés. Il s’agit par ce cycle de pallier à cette absence en réunissant thématiquement des œuvres qui échappent aux modes de production et de diffusion conventionnels, dans le but d’explorer des archipels cinématographiques peu connus. Ce sont des films couvrant une vaste étendue d’expressions et de pratiques audiovisuelles - de l’argentique au numérique, du cinéma d’animation au documentaire de création en passant par les infinies nuances de la fiction.
Chaque séance fait l’objet d’une présentation et propose un échange avec le public.


MARDI 28 MARS 2023 — 20H15
Cinéma Utopia
5 Place Camille Jullian, Bordeaux
Tarif : 7€ / 5€ ab. Utopia



Nazli Dinçel, Solitary Acts #4.




ÉPISODE 11 / FEMMES SANS FARD

— Capter les corps et les visages de femmes dans un contexte de confidence, de désir, d’initiation, de quête de soi, de déracinement : ce sont les sujets qu’explorent dans cet épisode deux réalisatrices qui pratiquent une forme personnelle et expérimentale de documentaire.

La première, Nazli Dinçel, est une jeune cinéaste de nationalité turque partie vivre aux États-Unis à l’âge de 17 ans. Ses films, réalisés en 16 mm, se présentent comme des journaux très intimes, relatant l’expérience adolescente du trouble et de la découverte de la sexualité dans une société où s’exerce le poids répressif de la religion. L’objet filmique est utilisé pour ses propriétés plastiques, au travers de minutieuses interventions manuelles ; les mots et textes grattés à même l’émulsion de la pellicule deviennent des images, accompagnées de leur énoncé en voix off ; les photogrammes, couturés, scarifiés, percés par les aiguilles d’une machine à coudre, tissent un récit qui subvertit la place assignée à la femme dans le cadre domestique.

La seconde réalisatrice, Chick Strand (1931-2009), est une figure éminente du cinéma indépendant de la Côte Ouest des États-Unis. Cofondatrice avec Bruce Baillie, en 1967 à San Francisco, de Canyon Cinema, coopérative de distribution de films expérimentaux créée dans la continuité de programmations régulières depuis 1961, elle s’est distinguée en réalisant une partie de ses films au Mexique, avec l’ambition d’inventer un cinéma ethnographique d’une grande liberté formelle. Pour cette diplômée en anthropologie, il s’agissait de briser le carcan académique en insufflant une approche expérimentale au genre documentaire.
SOFT FICTION, réalisé en 1979 à Los Angeles, est central dans sa filmographie. Sa représentation de la sensualité féminine, avec une franchise inédite jusqu’alors, a suscité la controverse lors de ses premières projections publiques, mais ce moyen métrage, modeste en apparence, est aujourd'hui considéré comme une œuvre déterminante des années 70. Non pas en tant que manifeste « féministe », étiquette que réfutait Strand, mais comme une "ethnographie des femmes", témoignage des complexités de l'expérience vécue et du désir, en faisant le portrait de cinq femmes qui relatent tour à tour des histoires intimes, parfois enfouies, de sexualité et de survie, sans filtre, face à la caméra.
Mettant en jeu le rapport sensuel au monde, la mémoire d’événements parfois traumatiques et la résilience, SOFT FICTION dépasse la simple confession pour établir un dialogue secret, souvent émouvant, avec chacune et chacun d’entre nous.


Chick Strand, Soft Fiction.

En complément de programme, un hommage sera rendu en début de séance à Claudius de Cap Blanc, vulvographe disparu en novembre 2022.

SOLITARY ACTS #4 Nazli Dinçel (USA / 2015 / couleur / 8 min.)
SOLITARY ACTS #5 Nazli Dinçel (USA / 2015 / couleur / 5 min.)
SOFT FICTION Chick Strand (USA / 1979 / n&b / 54 min. / VOSTFR)

Durée du programme : environ 70 minutes

À lire ici les réponses à un questionnaire posé à 12 femmes artistes, publiées dans la revue new-yorkaise ART-RITE #5, printemps 1974

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Un programme de l’association Monoquini avec le concours de Light Cone (Paris) et Lux (Londres),
en partenariat avec le Cinéma Utopia.
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