MAIS QU'EST-IL ARRIVÉ À CETTE MUSIQUE


ARNAUD MAGUET & GUESTS
Villa Arson, Nice
29 juin - 28 septembre 2008





Catalogue édité par Black Jack Éditions, 2009



Avec la participation de ALPHA-60, Pascal Auzias, Didier Balducci, Bruce Bégout, Fred Bigot, Julien Blanpied, Gregory Cervera, Le Professeur Diaquita, Le Dojo, Vincent Epplay, Finger On You, Ray Fortuna, Marc WarmBaby Galliani, The Groovers, Arnaud Labelle-Rojoux, Thierry Lombardi, Patrice Lorho, Ma Asso, Karyn Maistri, Éric Mangion, Monoquini, Olivier Michelon, Olivier Millagou, Pierre la Police, Richard Prompt, Gibus de Soultrait, Gauthier Tassart, Julien Tibéri, Jean-Luc Verna, Christian Vialard.

Extrêmement diversifiée, l'œuvre d'Arnaud Maguet (né en 1975 à Toulon, vit et travaille à Nice) interroge les fondements de la subculture des années 1950 à 1970. Partant en premier lieu de la sphère musicale (rock'n'roll, punk, krautrock, hip-hop, free jazz, psychédélisme, musique répétitive...), tout en croisant les films expérimentaux de Kenneth Anger ou Andy Warhol, le graphisme D.I.Y., la littérature underground, le cinéma populaire (et toutes les lettres qui le classifient, de B à Z et vice-versa), ce sont un grand nombre de légendes plus ou moins connues qui sont convoquées. Le lien qui réunit ces dernières se constitue autour d'une esthétique garage – ou comment, après avoir raté dans l'urgence et en beauté le modèle espéré, on finit par s'émerveiller du résultat plutôt que de s'en accommoder. À l'instar de T.W. Adorno qui soulignait le «caractère fétiche dans la musique», les pièces d'Arnaud Maguet transforment toutes ces légendes en reliques de notre mémoire collective, amplifiant ou déformant les fictions. Il construit ainsi une œuvre dans laquelle chaque élément rajouté complète le programme d'un spectacle qui se forme au moment même de sa réalisation, créant un label de musique (Les Disques en Rotin Réunis), tout en devenant lui-même membre de groupes (ALPHA-60, Beauty & the Beat, the Groovers, Finger On You).



LES FILMS DU MONDE (SCOPITONE EDIT)
Film : Richard Prompt
Musique : Arnaud Maguet
Scopitone restauré et reconfiguré par le Monoquini Lab
(Franck Bourdères, Bertrand Grimault, Dominique Labeyrie)

Pages ci-dessous extraites du catalogue



Il arrive que la réalité soit trop complexe pour la transmission orale.
La légende la recrée sous une forme qui lui permet de courir le monde

ALPHA-60 in Alphaville, Jean-Luc Godard, 1965.

Dans sa base arrière, depuis fort longtemps, Richard Prompt guette à l'affût de l'instant précis à prélever dans le flux mass-médiatique. Dans sa mémoire Betamax, il compile, les uns à la suite des autres, les fragments de ce qu'on voudrait parfois nous faire prendre pour la vie. Artisanalement, il réforme son propre flux, le modèle, séquence après séquence, sans repentir possible. Une fois la cassette remplie, une autre suit pour poursuivre ce méta-film, petit monstre né du grand qui ne raconte que son propre processus.

Le Scopitone n'est plus ce qu'il était. Il n'a pu survivre aux outrages du temps qu'au prix d'une éviscération intégrale de ses entrailles pelliculaires. Cyborg bancal mis tant bien que mal au goût du jour numérique, il n'a plus le cœur à divertir. Le yéyé est mort et il le sait, fini le temps ds copains - morts les copains. Il ne fera plus danser, il le sait aussi. Flanqué dans les vestiges d'un troquet fantôme, il ne peut proposer aux rares visiteurs de prendre les choses en main et de remonter ce film qu'il ne connaissent pas mais qui leur appartient forcément déjà un peu. Accélération du montage laborieux original signé R.P., leurs cut-ups seront tout aussi légitimes et arbitraires que le sien. Ils seront juste moins persistants et réfléchis, c'est ainsi quand le dispositif se démocratise pour que tout le monde puisse jouer, les armes s'émoussent.

Arnaud Maguet.



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