02.02.23
JEUDI 02 FÉVRIER 2023
— 20H20

Château Pallettes
17 rue Élie Gintrac à Bordeaux

CHRISTMAS ON EARTH
Une reconstitution du film de Barbara Rubin
(USA / 1963-65 / couleur / 29 min.)

« A study of genital differentiation and psychic tumult » — Candy O’Brien

— Tourné en 1963 à New York par une jeune femme de 18 ans, complété en 1965, CHRISTMAS ON EARTH est le film expérimental le plus explicitement sexuel réalisé aux États-Unis à cette période. Les images captées par une caméra 16 mm transcendent l’orgie sexuelle en un happening kaléidoscopique et hallucinatoire. Initialement intitulé COCKS AND CUNTS (Bites et Chattes) avant d’être renommé en référence à un poème d’Arthur Rimbaud, CHRISTMAS ON EARTH consiste en deux bobines noir & blanc projetées simultanément l’une dans l’autre en une frénétique interpénétration des corps à l’écran. Des filtres de différentes couleurs placés devant le faisceau des projecteurs ajoutent à l’extase de cet enchevêtrement psychédélique. La bande son est constituée de musiques caractéristiques de l’époque. La double projection, aujourd’hui reconstituée en vidéo, est un exemple pionnier d’Expanded Cinema, de ce qu’on n’appelait pas alors performance multimédia. Le titre innocent du film, le jeune âge de son auteure, le fait qu’elle transportait toujours avec elle l’unique copie, ont permis à CHRISTMAS ON EARTH de déjouer la censure.

Mais qui est cette jeune femme, capable de réaliser un film aussi outrageux ?
En résumé : Barbara Rubin est la fée clochette de l’underground new-yorkais. Entre 1963 et 1967, période d’effervescence pour la contre-culture, sa contribution en tant qu’organisatrice, agitatrice et innovatrice est considérable. La taciturne associée bientôt indispensable de Jonas Mekas au sein de la NY Film-Makers Coop, première structure de distribution de cinéma indépendant aux USA, va s’avérer un formidable catalyseur. C’est Mekas qui lui prête sa caméra Bolex dont elle saura faire bon usage. Encore avec Mekas qu’elle s’acharnera à défendre FLAMING CREATURES, le classique queer avant l’heure de Jack Smith, cause célèbre de l’underground, censuré au festival de Knokke-le-Zoute en 1963, interdit de projection à peu près partout, menacé de saisie. Barbara fera l’infatigable promotion de The Warlocks, futurs Velvet Underground qu’elle présentera à Andy Warhol. On connaît la suite. Barbara encore qui, à la suite des performances de The Launching of the Dreamweapon initiées par Piero Heliczer, contribuera aux multi-projections de The Exploding Plastic Inevitable. Sa photo apparaît au dos de la pochette de Bringing It All Back Home, témoignant de sa complicité avec Bob Dylan, elle qui lui a inspiré l’Ophelia de Desolation Row. Barbara enfin, alors proche d’Allen Ginsberg, qui organisera en juin 1965 au Royal Albert Hall à Londres The International Poetry Incarnation introduisant avec succès la littérature Beat en Angleterre, et que documente le film de Peter Whitehead, WHOLLY COMMUNION. Sans oublier son engagement en tant que militante pacifiste qui reflète une âme et un cœur ardents.

Barbara Rubin, par son interaction entre les représentants les plus talentueux de sa génération, a joué un rôle complet en tissant les différents courants de la contre-culture des années 60.
Décédée à l’âge de 35 ans en 1980 en France, virtuellement oubliée, il est temps pour Barbara Rubin d’entrer dans la légende. Il serait dommage de rater ça.

When will we go, over mountains and shores, to hail the birth of new labor, new wisdom, the flight of tyrants and demons, the end of superstition, – to be the first to adore! – Christmas on earth!

Quand irons-nous, par delà les grèves et les monts, saluer la naissance du travail nouveau, la sagesse nouvelle, la fuite des tyrans et des démons, la fin de la superstition, adorer - les premiers ! - Noël sur la terre !

Matin (extrait) - Arthur Rimbaud
(Une Saison en Enfer)

« (…) Barbara Rubin, de l’ordre des Fous, éclatante et brulante d’hallucinations, a tourné son premier film avec l’excitation d’une sainte religieuse, fébrilement occupée à tirer de son subconscient et du monde des fragments de révélations voilées, les expériences et visions sensorielles de ce triste siècle sans amour ; son cœur déborde.(…) »
Jonas Mekas, « Les femmes au cinéma », Ciné-journal, 25 juillet 1963.

« Syllogisme : Barbara Rubin n’a pas honte ; les anges n’ont pas honte ; Barbara Rubin est un ange. » (Jonas Mekas)

+ EXPO DE DESSINS ÉROTICO-PORNO PAR ISIDORE KRAPO
ET SEPT PHOTOGRAPHIES DE RICHARD CERF

(Collection particulière Isidore Krapo)

Jeudi 02 février 2023
Ouverture des portes à 19h

CHÂTEAU PALLETTES
17 rue Élie Gintrac
33000 Bordeaux
Tél. 06 95 79 05 05

Participation : 5€
Adhérents Monoquini : 3€
Entrée dans la limite des places disponibles.
Déconseillé aux mineurs.
Buvette sur place.