LUNE NOIRE 3

lundi 5 mai 2008
annexe | 9 cours de la Martinique | Bordeaux




Dépliant des soirées conçu par Antoine Calafat

Au travers de quatre films se réappropriant ou détournant des sources préexistantes (jeu vidéo, film d'horreur, propagande révolutionnaire, caméras de surveillance), nous suivons lors de cette séance des personnages en perte ou en quête d'identité dans un environnement saturé d'images contradictoires, façonné par les modèles et les clichés.

"Ce sont des images flottantes, ces clichés anonymes, qui circulent dans le monde extérieur, mais aussi qui pénètrent chacun et constituent son monde intérieur, si bien que chacun ne possède en soi que des clichés psychiques par lesquels il pense et il sent, se pense et se sent, étant lui-même un cliché parmi les autres dans le monde qui l'entoure."
Gilles Deleuze, "L'image-mouvement" (Éditions de Minuit)

Peggy Ahwesh
SHE PUPPET

(USA / 2002 / vidéo / vostf / 15 min)
Courtesy Light Cone, Paris

Et si Lara Croft, héroïne du jeu vidéo d'action Tomb Raider, était douée d'une voix autonome ?
Victime des négligences des joueurs, prisonnière d'un monde artificiel, elle se poserait des questions existentielles sur le sens de ses vies et morts successives, empruntant à Fernando Pessoa ("Le livre de l'intranquilité"), Joanna Russ ("The Female Man") et Sun Ra.


Camille Henrot
DYING LIVING WOMAN

(France / 2005 / 35mm transféré en vidéo / 6 min)
Courtesy l'artiste et la Galerie Kamel Mennour, Paris.

Une jeune femme, fuyant la menace d'un zombie au début du célèbre film de George Romero,
La nuit des morts vivants (1968), a été effacée, grattée image par image à même le support filmique original. En disparaissant comme personnage de fiction, elle rejoint les figures de l'au-delà, devient forme surnaturelle, irradiant littéralement la pellicule par son absence.
(Camille Henrot présente le portrait qu'elle a réalisé de Yona Friedman, "Un nouveau monde (utopie réalisée)" au Musée des beaux arts de Bordeaux jusqu'au 11 mai et au CAPC jusqu'au 1er juin)


Hito Steyerl
NOVEMBER

(Allemagne / 2004 / vidéo / vost anglais & français/ 25 min)
Courtesy Sixpackfilm, Vienne

Dans les années quatre-vingt, Hito Steyerl tourna en super-8 un film d'action féministe, redevable au classique du film d'exploitation signé Russ meyer, Faster Pussycat, Kill ! Kill ! et aux films d'arts martiaux en provenance de Hong Kong. Sa meilleure amie, Andrea Wolf, y tenait le rôle principal, avec tous les attributs d'une femme âpre au combat. L'esthétique outrée du cinéma d'exploitation sera dépassée par l'engagement réel d'Andrea dans les rangs du PKK, au point de trouver la mort sur le front Irakien en 1998.
Devenue symbole de la cause Kurde, on brandit aujourd'hui son effigie au cours de manifestations.
Documentaire intimiste et éminament politique, November est une réflexion sur l'influence de la fiction sur le factuel, sur le chemin qu'empruntent les images - qu'elles appartiennent au cinéma de genre, au domaine public ou à la sphère privée - jusqu'à alimenter les représentations d'un certaine "histoire officielle".

"Si octobre est l’heure de la révolution, novembre est celle de la désillusion qui lui succède, mais aussi celle de la folie – partant de ce constat, Steyerl réfléchit sur une relation qui au commencement s’appuya sur la pose, pose dont Andrea Wolf prit les implications tellement au sérieux qu’elle ne put plus se satisfaire de la pratique symbolique. Andrea Wolf choisit l’Autre du cinéma – et devint plus que jamais une « icône »." (Bert Rebhandl)

Un extrait et le script (en anglais) sont consultables sur http://german.berkeley.edu/transit/2005/50914.html

repères bibliographiques
"RAF - guerilla urbaine en Europe occidentale" / Anne Steiner & Loïc Debray (L'échappée)
"Terrorismes, mythes et représentations" / Thomas Elsaesser (Editions Tausend Augen)



Manu Luksch
FACELESS

(Autriche/GB / 2007 / vidéo / vostf / 50 min)
Courtesy Sixpackfilm, Vienne

Manu Luksch, net-artiste et cinéaste viennoise basée à Londres, signe un moyen métrage de science-fiction produit exclusivement par des caméras de vidéo surveillance, selon les règles du Manifesto for CCTV Filmmakers.
Ce "dogme" imaginé par AmbientTV s'adresse à des cinéastes d'un nouveau genre, qui ne tournent pas avec leur propre caméra mais utilisent les enregistrements des caméras de contrôle omniprésentes. Le manifeste s'appuie sur une loi britannique sur la protection des données qui permet aux personnes filmées de réclamer une copie de ces enregistrements.

FACELESS se déroule dans une société sans passé, ni futur, où les humains sont dépourvus de visage. Une femme est prise de panique un matin lorsqu'elle découvre le sien. Sur le mode Orwellien, Manu Luksch propose un point de vue sur une société contemporaine se déployant dans un présent éternel et perpétuellement fragmenté, où les caméras dévorent l'espace public, tranformé en zone de contrôle.

(Ce film a été reprogrammé dans le cadre de la biennale evento le 16 octobre 2009)

www.ambienttv.net




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