MICROSTORIES # 2


A Story for the Modlins de Sergio Oksman





JEUDI 29 novembre 2012
CINÉMA UTOPIA
5 Place Camille Jullian, Bordeaux

Tarif par séance : 6 € / abonnés 4, 50 €
Tarif pour les deux séances : 8 €




> 20h30


NOVEMBER
(Novembre)
de Hito Steyerl
(Allemagne / 2006 / vidéo / couleur / vostf / 25 min.)


Dans les années 80, Hito Steyerl tourna en super-8 un film d'action féministe, inspiré par Faster Pussycat, Kill ! Kill ! et les films d'arts martiaux de Hong Kong. Son amie Andrea Wolf y tenait le rôle principal, avec tous les attributs d'une femme âpre au combat. L'esthétique outrée du cinéma d'exploitation sera dépassée par l'engagement réel d'Andrea dans les rangs du PKK, au point de trouver la mort sur le front Irakien en 1998. Devenue symbole de la cause Kurde, on brandit aujourd'hui son effigie au cours de manifestations.
Documentaire intimiste et éminemment politique, November est une réflexion sur l'influence de la fiction sur le factuel, sur le chemin qu'empruntent les images - qu'elles appartiennent au cinéma de genre, au domaine public ou à la sphère privée - jusqu'à alimenter les représentations d'un certaine "histoire officielle".




A STORY FOR THE MODLINS
(Une histoire pour les Modlins)
de Sergio Oksman
(Espagne / 2012 / vidéo / couleur / vostf / 26 min.)


Si vous revoyez Rosemary's Baby de Roman Polanski, vous apercevrez furtivement lors de la cérémonie finale des voisins satanistes de Mia Farrow, la silhouette d'un grand type souriant. Il se nomme Elmer Modlin. Non crédité au générique, cet homme a tenté une carrière à Hollywood, sans aucun succès. Avec sa femme Margaret, artiste peintre issue d'une riche famille, et leur fils Nelson, il partit s'installer loin des studios Californiens, à Madrid. Sombrant dans un délire mystique mis en scène par les toiles apocalyptiques de Madame Modlin, la famille vécut recluse pendant trente ans dans le même appartement aux volets clos, transformé en musée.
Le réalisateur, Sergio Oksman, prétend avoir trouvé, jeté dans la rue, un carton rempli de photos, de lettres et d'archives personnelles. Il propose alors de reconstituer l'histoire étrange des Modlins et de leur amour fou.
Un film comme un tombeau.





> 22h

PEOPLE I COULD HAVE BEEN AND MAYBE AM
(Les gens que j'aurais pu être et que je suis peut-être)
de Boris Gerrets
(GB / 2010 / mp4 filmé avec un téléphone portable / 54 min.)
Avec Sandrine Correa, Steve Smith et Efitayo Akousa.
Musique de Sister Netifa et Anne Wellmer.
Conversations téléphoniques anonymes communiquées par Robin Rimbaud / Scanner.

Entrer dans la vie de parfaits inconnus rencontrés dans les rues de Londres, et capter dans l'intimité leur lutte quotidienne pour s'en sortir : tel est le projet initial de Boris Gerrets qui décide pour cela d'utiliser l'outil de prise de vue le plus commun qui soit - la caméra miniature d'un téléphone portable. Émergeant de l'anonymat de la ville, Sandrine, une jeune Brésilienne séduisante en quête d'un mari, Steve, un mendiant aux prises avec son addiction au crack, et Precious, une poétesse noire, voient leur destin s'entremêler, débordant du strict cadre documentaire initialement conçu par le réalisateur. Celui-ci, hors-champ, hésite entre le rôle d'observateur et de participant mais plus il se rapproche de ses sujets, plus sa caméra semble les en éloigner. Rapidement, ce film sans scénario préalable développe sa propre dynamique, estompant la frontière entre les faits et la fiction, la réalité et l'imaginaire.
People... dévoile un espace personnel, humain et fragile qui n'existe précisément que parce qu'il a été filmé.

Note du réalisateur

"Il n'y avait aucun scénario. Seulement une vague idée de film comme tentative de briser le mur d'anonymat que nous connaissons tous si bien quand on traverse une ville. Le film serait comme un espace social, un lieu de rencontre. Mais rencontrer quelqu'un dans la foule est une tâche ardue et la caméra s'avère un intrus particulièrement incompatible. Rétrospectivement, il ne me semble pas étonnant que les gens que j'ai rencontrés au final étaient à divers degrés des marginaux, des figures errantes dans l'espace urbain, un peu comme moi-même. Cela a abouti à un film essentiellement tourné dans des lieux de passages : la rue, les taxis, les chambres d'hôtel, les cafés. Filmer créé un moment particulier tout en en détruisant un autre. C'est le paradoxe qui définit la relation du cinéma à la réalité. Cela devint visible dans la négociation continuelle entre différents intérêts, entre moi et ma caméra, mes sujets et nos amitiés naissantes. Pour mes protagonistes, il était clair dès le début du processus qu'ils étaient mes acteurs dont la vie réelle se propageait dans l'espace créé par le film. Alors qu'ils vivaient leur vie à la première personne, je filmais leur second moi, celui qui émerge dans l'espace narratif de la forme cinématographique. Moi y compris, ce qui a rendu les choses compliquées par moments. Il y a des ténèbres dans le film, des ténèbres filmiques. En d'autres termes, la façon dont la caméra enregistre l'absence de lumière - en l'occurrence, la caméra du téléphone portable avec ses images frustes et granuleuses. À l'intérieur de ces ténèbres, résonne mon propre sentiment à l'égard de la ville, ses aspirations, ses mystères et ses secrets. Il y a un autre niveau dans le film, incarné par des conversations téléphoniques anonymes. Elles représentent la voix collective de la ville, se répercutant contre les parois d'un dôme électronique virtuel qui s'étend bien au-delà de son horizon visible." (traduction : bg)

www.borisgerrets.org
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