DRIVE OR DIE !


dans le cadre du fifib
Projections au Garage Moderne

1 rue des Étrangers
Bordeaux-Bacalan
Tram B direction Claveau - arrêt Achard


vendredi 5 octobre 2012
de 22h à 01h00

ouverture des portes à 18h
vernissage, kino session et projections
buvette et restauration sur place
entrée libre

Une invitation adressée à Monoquini par le FifiB (Festival du film indépendant de Bordeaux) dans le cadre
de sa "grande bouffe/boum" pour une projection au Garage Moderne, temple associatif de la mécanique ?
À l'arrivée, on a beau être totalement invisibles sur les divers supports de communication de ces jeunes gens (bravo, continuez comme ça), voici malgré tout l'occasion rêvée (tautologique ? motologique !) de faire reluire quelques chromes au travers d'un classique sulfureux du cinéma indépendant américain, qui sera ce vendredi soir précédé de pépites sexplosives (les films de Marco Laguna !), de Motor-Psychotones et autres savoureuses escapades audiovisuelles...

de 20h à 22h

kino session et projections apéritives


de 22h à 23h15

projection de films musicaux des Sixties

projection de deux films de Marco Laguna :

NICKY THE STRIPPER
(1995, 35mm transféré en vidéo, 7 min.)
Dans un cabaret de dixième zone, une strip-teaseuse sublime, à la fois tigresse et dompteuse, fait son numéro devant quatre mâles qui risquent de ne pas s'en remettre...

NITRO NICKY
(1996, 35mm transféré en vidéo, 7 min.)
Au coeur du désert, un duel acharné oppose un motard et une conductrice farouche. Nitro Nicky est un hommage à ces femmes fatales, qui entendent rivaliser avec les hommes, non pas pour les compléter, mais pour les combattre... Faster, Pussycat, Kill, Kill !!!

Mais qui êtes-vous, Marco Laguna ?
En 1979, Marco est co-fondateur du groupe Marine (Funk-punk), trois 45 tours sortis sur les Disques du Crépuscule. Single of the week dans le NME en avril 81.
En 1984, il créé le légendaire groupe de trash-rock La Muerte ; suivront cinq albums et plusieurs tournées en Europe. Il collabore à divers projets musicaux avec Richard de Front 242.
A Paris, 1993, le groupe fréquente le mouvement pictural necro-réaliste du baron de Grrr.
Marco se prend de passion pour Jesus Franco et Mario Bava et se lance alors dans la réalisation de son premier court-métrage "Nicky the Stripper", en 1994. En 1996, il assimile les méthodes de productions de Roger Corman et attaque son deuxième court-métrage "Nitro Nicky" avec l’aide de MG Productions, projeté à Cannes lors de la soirée Canal +.
En 1998, il réalise "Dragstrip 69", fiction expérimentale projetée et applaudie à la Cinémathèque Française.
Il tourne ensuite sur les Salt Flats aux États-Unis (désert salé) pour son premier film documentaire "Bonneville or Bust".
En 1999, il termine en autoproduction son quatrième court-métrage "Dago Cassandra" qui récoltera plusieurs prix.
Depuis, il a réalisé une quinzaine de clips (Vitalic, Rinocérose, Bikini Machine, Hulk, …) et plusieurs documentaires musicaux pour Canal+.

www.marcolaguna.be

DERNIÈRE MINUTE :
Marco ayant été appelé pour un tournage, il ne pourra être présent à Bordeaux comme initialement prévu.




à 23h30 :


LES ANGES SAUVAGES
(THE WILD ANGELS)
de Roger Corman

(USA / 1966 / 16mm couleur / vo avec sur-titrage français)


LES ANGES SAUVAGES (THE WILD ANGELS) est LE film qui a lancé la vague de films consacrés aux gangs de motards en vogue dans les années 60, exception faite THE WILD ONE de Laslo Benedek, avec Marlon Brando, sorti en 1953.
Produit et réalisé par Roger Corman, figure essentielle du cinéma indépendant américain, prince des mauvais genres jonglant avec les petits budgets et les plans de tournage serrés, mentor mythique qui a lancé une pléthore de jeunes réalisateurs, LES ANGES SAUVAGES réunit une équipe dont les noms fleuriront dans les productions de ce qui fut baptisé "le Nouvel Hollywood" : Peter Bogdanovitch est assistant réalisateur et co-scénariste (non crédité en tant que tel au générique pour raisons syndicales, au profit de Charles Griffiths), Monte Hellman est le monteur, Richard Moore officie comme chef opérateur. Face à la caméra, on trouve Peter Fonda, fils d'Henry et frère de Jane, dans le premier de ses nombreux rôles dans des séries B motorisées jusqu'au succès planétaire d' EASY RIDER, Nancy Sinatra (également fille de, et célèbre grâce à son hit These boots are made for walking), Bruce Dern et Diane Ladd (couple à la ville comme à l'écran, et parents de l'actrice Laura Dern), sans oublier un casting hirsurte et bourré à la bière d'authentiques Hell's Angels de Venice, Californie. La musique cool mais pas toujours très inspirée de Mike Curb inaugure, elle, un genre spécifique de music for movie bikers.
Et c'est Jack Nicholson qui, passant dans le coin, trouva le titre du film initialement baptisé All the Fallen Angels...

Résumé express : Inspirés par la Une de Life en janvier 1966, consacrée à l'enterrement de "Mother" Miles, le leader des Hell's Angels de Sacramento, LES ANGES SAUVAGES est la chronique des frasques d'une bande de motards portés sur la vitesse, la fête, le sexe, l'alcool et la fumette, sur fond de castagne bien entendu.
Suite à la mort d'un des leurs, abattu par un policier après une rixe, le gang décide d'aller l'enterrer en grandes pompes dans sa ville natale. La cérémonie est le prétexte à une nouvelle orgie qui culmine en une explosion de violence et de destruction.

À sa sortie, le film soulève l'indignation de la critique, d'autant plus qu'il est officiellement sélectionné pour représenter les États-Unis lors du prestigieux Festival de Venise en 1966 !
Oui, vous avez bien lu : un biker movie, entre étude sociale et western moderne, sorte de "Horde Sauvage" à injection, projeté en soirée d'ouverture avec noeud pap', robes de gala et tout le bataclan - un truc inconcevable aujourd'hui dans les festivals nourris au politiquement correct, selon notre cher confrère le Professeur Thibaut.
Évidemment, dans le contexte de l'escalade du conflit vietnamien, des manifestations pour les droits civiques et des émeutes qui en découlent, la succession de scènes de violence, de viols, de sacrilèges et d'abus en tous genres drapent le film d'une réputation abjecte aux États-Unis (lui assurant un juteux succès commercial). Prévoyant face à cette panique morale, Corman s'explique dans le "Saturday Night Review" de septembre 1966, en affirmant qu'il a tenté de décrire, sans en faire l'apologie, la trajectoire fatale d'un groupe de jeunes asociaux, encouragés dans leurs tendances psychopathes du fait des négligences familiales et sociales. Il reconnaîtra plus tard en honnête commerçant sa propre tendance de cinéaste à vulgariser les pires excès pour les resservir à un public avide de sensations fortes...

Quoique moralement contestable et truffé de clichés bien kitsch, avec ses breloques nazies, il faut replacer LES ANGES SAUVAGES dans un contexte où les bisous d'Annette Funicello et de Frankie Avalon, vedettes mièvres abonnées aux comédies sentimentales, étaient ce qu'on pouvait trouver de plus salace sur un écran américain. Avec sa caméra à l'épaule au coeur de l'action, des bagarres comme des chevauchées motorisées, le film véhicule une dynamique alors nouvelle pour le grand public des salles de cinéma, et exorcise d'une certaine manière les tensions hantant la société de l'époque.

À l'instar de THE INTRUDER (1962) tourné dans le sud ségrégationniste, voici un film de Corman, adaptateur de Poe à l'écran, qui dépeint une autre forme d'horreur contemporaine : un cauchemar américain.

On pourra utilement compléter la vision de ce film par la lecture du fameux reportage "gonzo" d'Hunter Thompson consacré aux Hell's Angels (10/18).
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Remerciements : le FifiB pour son invitation, le Garage Moderne pour son accueil, la Bibliothèque Municipale
de Mériadeck pour son assistance technique, Didier Queneutte, Dominique Labeyrie, Marco Laguna,
Jack Stevenson Film Distribution.