PHYLMZ #1


VENDREDI 6 DÉCEMBRE — 20H30
CHÂTEAU PALLETTES
17 rue Elie Gintrac - Bx

Admission : 3€/5€
Gratuit pour le père et la mère Noël et les adhérent.e.s Monoquini
Buvette sur place

EMERALD CITIES
un film de Rick Schmidt
(États-Unis, 1983, 16 mm/vidéo, couleur, 90 min., vostfr)
Avec Ed Nylund, Carolyn Zaremba, Dick Richardson,
Ted Falconi (guitariste de Flipper)

Musique : Flipper et The Mutants.

— Une jeune actrice du nom de Z (Carolyn Zaremba) qui vient de recevoir un Oscar d’interprétation se rappelle comment tout a commencé : aux portes de la Vallée de la Mort, dans le dernier lieu sur terre où l’on penserait aller vivre par choix. Son père, Ed
(Ed Nylund), qui tient depuis 1936 une station service déglinguée au milieu d’un paysage de sable et de cactus, boit 363 jours par an. Les deux jours restant, sa fille veille à ce qu’il soit sobre pour endosser le rôle de père Noël à Trona, ancienne cité minière devenue bourgade quasi fantôme. L’unique distraction et fenêtre sur le monde pour Z est offerte par un poste de télé défectueux. Le jour où un musicien de rock (Ted Falconi, guitariste du groupe Flipper) passe dans ce trou perdu pour faire le plein, Z s’enfuit avec lui, direction San Francisco. L'infortuné Ed, affublé de son costume de Santa Claus, part à ses trousses.


Ed Nylund en Santa Claus-stoppeur

Pour inaugurer PHYLMZ, nouveau cycle consacré aux inclassables du cinéma indépendant et autres bizarreries filmiques, EMERALD CITIES s’impose comme un modèle du genre. Sa thématique et son traitement se fondent de façon adéquate, c'est-à-dire de façon parfaitement décalée, dans ce programme que nous inspire ce jour de la Saint Nicolas (le saint patron des enfants, ancêtre du « père Noël »).

Noël 1983.
Climat radieux en Californie en ce mois de décembre.
Ronald Reagan est président des États-Unis. On vit dans un « nouvel âge des ténèbres » (New Dark Ages est le sous-titre du film) où plane la menace imminente d’un conflit nucléaire contre l’URSS. La série télé « Le jour d’après » et autres fictions apocalyptiques alimentent l’horizon culturel, jusque dans la musique souvent sombre et dépressive de l’époque.
« En 1984, le monde sera semblable au livre de George Orwell », prédit une jeune femme noire à un micro-trottoir, parmi un groupe de personnes que la fermeture d'une institution psychiatrique a jeté à la rue. Un homme politique propose alors de passer directement de 1983 à 1985, de supprimer les contraventions (quoi de plus efficace que des voitures en stationnement pour lutter contre la pollution ?) et d’inviter directement les extraterrestres sur Terre plutôt que de dépenser des milliards dans le programme spatial.
EMERALD CITIES, qui doit son titre au halo verdâtre d’une vieille télé et se réfère malicieusement au Magicien d’Oz, est un collage d’images en prise avec son époque troublée. Les discours de « peacemakers » belliqueux (Ronald Reagan, Alexander Haig, Caspar Weinberger) alternant avec des scènes de concert des groupes The Mutants et Flipper pour un Noël des rockers à San Francisco forment une des toiles de fond de ce road-movie improbable où l’on suit les tribulations d’un père Noël alcoolique à lunettes noires.


Dick Richardson, dans le rôle d'un artiste-alien en probation.

DIY & IMPROV sont les devises de Rick Schmidt. Ce cinéaste indépendant d’Oakland, Californie, est fameux pour avoir publié un guide du réalisateur fauché : « Feature Filmmaking at Used-Car Prices » - soit, comment réaliser un long métrage pour le prix d’une voiture d’occasion. En effet, Rick a lancé sa carrière au début des années 70 en vendant son pick-up Dodge de 1939 bien aimé pour $1200. Il s’est tenu depuis au principe de tout faire lui-même (DIY) avec l’aide d’une toute petite équipe d’amis, acteurs et techniciens, capables de s’adapter aux contraintes et miracles d’un tournage improvisé (IMPROV), au fil des rencontres, des événements, des accidents.

Commencé en 1979, avec des tournages morcelés (quatre jours pour filmer dans la Vallée de la Mort sans repérage préalable, dont deux jours pour le voyage ; un père Noël bourré du matin au soir et qui se plante la gueule dans un cactus ; une actrice principale qui déménage à New York, etc.), un laboratoire accommodant pour le développement des négatifs 16 mm et le tirage couleur des copies, un montage effectué selon l’accès occasionnel au matériel… pour s'achever en 1983, EMERALD CITIES ne porte pas les stigmates d’un film maudit, mais au contraire témoigne d’un certain état d’esprit, punk si l’on veut, pragmatique avant tout.
Le résultat est étrange, souvent drôle, continuellement incongru, libéré des chaines narratives conventionnelles, bref : original !

EMERALD CITIES est inédit en France.
Il a été sous-titré pour l'occasion.
Séance unique à Bordeaux (Thank you Rick!)
Ne venez pas vous plaindre de l’avoir manqué.


Bruce Loose (Flipper) dans Emerald Cities filmé par Joe Rees de Target Video.