DIMANCHE 30 MARS 2025 — 20H30
Château Pallettes
17 rue Élie Gintrac, Bordeaux
Tarif : 5€ / 3€ pour les adhérent-e-s Monoquini
Ouverture des portes à 20h. Buvette sur place.
Nombre limité de places.
Les retardataires ne seront pas acceptés après le début de la séance !
THE CANYONS
Un film de Paul Schrader
USA / 2013 / couleur / 1h39 / VOSTFR
Scénario de Bret Easton Ellis
Musique de Brendan Canning
Avec Lindsay Lohan, James Deen, Nolan Gerard Funk, Amanda Brooks, Tenille Houston, Gus Van Sant.
— Avant que nous n’entrions de plain pied dans le film, le générique déroule un diaporama constitué de plans fixes de façades de salles de cinéma murées, pour la plupart anonymes, et d’intérieurs décrépis sur lesquels s’affichent les crédits, alors que la musique originale de Brendan Canning s’étire en une sorte de plainte, crépitant comme un disque vinyle poussiéreux. Les rues et les parkings sont absolument déserts, conséquence d’une catastrophe qui auraient éradiqué l’espèce humaine. On s’attend à voir surgir un zombie hagard dans l’interstice de ces paysages lugubres, comme au début du Jour des morts-vivants de George Romero. Ces cinémas se dressent tels des monolithes de béton dans la lumière grise de Los Angeles. Une heure et une trentaine de minutes plus tard, se déroule lentement le générique de fin et d’autres images de cinémas abandonnés, écrans lacérés, cabines de projection croulant sous le plâtre, serpents de pellicule 35 mm foulés au pied, rangées de sièges vides sur lesquelles tombent un rayon de lumière depuis le plafond fissuré, accompagnent le blues funèbre des Dum Dum Girls. Le récit lui-même repose sur un éphéméride fatal, lundi, mardi, mercredi s’affichant successivement sur une de ces façades muettes, trois jours durant lesquels tout bascule.
The Canyons n’est pas un film de zombies, même si c’est à de nombreux égards un film d’horreur, de cette horreur banale, quotidienne, où la sauvagerie des relations humaines aboutit parfois au meurtre. Bret Easton Ellis est le scénariste de ce film réalisé par Paul Schrader en 2013. L’histoire perverse d’un triangle amoureux et sexuel sur lequel pèse le pouvoir de l’argent, le sésame qui ouvre toutes les portes à Hollywood. L’enjeu ici n’est pas tant le rôle qu’espère obtenir un jeune prétendant au succès dans un slasher que de posséder l’objet du désir (une femme) dans un jeu de quilles.
Du tournage dans un hôtel maléfique au Mexique, nous ne verrons et ne saurons rien de plus. En revanche, nous arpentons les rues et avenues de Westwood, quartier cossu au nord-ouest de Los Angeles entre Beverly Hills et Santa Monica où vit essentiellement une population blanche, décor récurrent des romans de Bret Easton Ellis.
The Canyons est présenté ici ou là comme un "thriller érotique", curieuse étiquette pour un film précédé d’une réputation un brin sulfureuse qui lui a fermé les portes des studios et d’un financement classique. Du coup, son modeste budget de film indépendant provient d’un financement participatif. Sulfureux tout d’abord de par son casting : Lindsay Lohan, ex-égérie de Disney, réputée ingérable sur les tournages du fait de ses nombreuses addictions, et James Deen, acteur porno qu’on imagine peu ou mal dans un rôle "parlant". Contre toute attente, le couple crève l’écran par sa présence et la complexité maladive de leur relation, l’intuition de Bret Easton Ellis pour ce choix d’acteurs s’avérant plus que juste.
En réalité, The Canyons est une plongée dans des profondeurs méphitiques que dissimulent les convenances sociales, sous un vernis qui ne tarde pas à se craqueler. The Canyons, c’est une sorte de Portrait de Dorian Gray transposé dans un soap californien.
— Bertrand Grimault
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Un événement proposé par l'association Monoquini en partenariat avec le Château Pallettes.
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