2003-2006 : le monoquini, un cinéma de poche

Trois années durant, de 2003 à octobre 2006, au numéro 5 de la rue Bayard à Montpellier, Monoquini a disposé d’un espace modulable d'environ 80m² - à la fois lieu d'exposition et cinéma de poche où ont été invités nombre d'artistes, cinéastes, chercheurs et auteurs.
Après trois années de programmation soutenue, en collaboration notamment avec l'association bande annonce et panoplie.org, le lieu a définitivement fermé ses portes le 31 octobre 2006. La programmation de la saison 2006 eut lieu sur une base mensuelle. Antoine Calafat en a conçu les dépliants.



AVRIL 2006

Trésors méconnus du cinéma d’animation
J’aime, vous aimez, nous aimons le cinéma d’animation !
A tel point qu’il est toujours agréable et utile d’explorer les chemins buissonniers de cet art expérimental par excellence, méticuleux, exigeant, fruit d’un long et lent labeur. En marge des grands studios et des classiques du genre, on découvre des trésors d’invention, d’innovation technique, d’imagination plastique qui sont le résultat d’un travail d’atelier, parfois solitaire, toujours artisanal.
Ces trois soirées de projections proposent un panorama significatif de ce domaine de la création cinématographique, en une trentaine de courts métrages de toutes origines et époques, associant les œuvres des pionniers et la production contemporaine, au travers d’un large éventail de techniques : écran d’épingles, silhouettes et figurines animées image par image, collages et dessins, pixillation, pellicule grattée et animation assistée par ordinateur…
En puisant dans un répertoire peu connu et peu montré, où le film abstrait côtoie l’imagier animé en un époustouflant défilé de sons, de lumières et de couleurs, ce programme espère bien communiquer un enchantement durable chez les spectateurs qui viendront s’y rincer les yeux, toutes générations confondues.

[programme]


Jeudi 6 avril / 20H30


Une nuit sur le Mont Chauve _ Alexandre Alexeïeff et Claire Parker
[France, 1934, 16mm, 9’]
Dessinateur et graveur d’origine Russe, Alexeïeff a inventé une technique cinématographique qui lui a permis de réaliser seul des films nuancés, en demi-teintes et aux formes floues : il s’agit de l’écran d’épingles (une planche percée de centaines de milliers de trous où s’enfoncent plus ou moins des épingles savamment éclairées pour donner des noirs et blancs rares), grâce auquel il réalisa en collaboration avec Claire Parker ce classique du film d’animation, illustrant le thème de Moussorgski.

Spook Sport _ Mary Ellen Bute & Norman McLaren [USA, 1940, 16 mm, 8’]
Une interprétation singulière de la "Danse Macabre" de Camille Saint-Saëns, où certains éléments ont été tracés à la plume à même la pellicule.

Les trois souhaits _ Lotte Reiniger [Allemagne, 1954, 16mm, 10’]
Lotte Reiniger (1899–1981) a passé la majeure partie de sa vie à créer des films d’animation pleins de grâce et de finesse, à base de silhouettes découpées, sur le principe du théâtre d’ombres. Son film le plus fameux reste Les aventures du Prince Achmed, premier long métrage d’animation de l’histoire en 1926, inspiré des « Mille et une nuits ». Elle a atteint l’expression la plus sophistiquée dans cette pratique du découpage, et ses créations inspirées de la fable et du mythe possèdent toujours une indéniable magie cinématique, comme l’attestent les films choisis pour ce cycle.

Symphonie Diagonale _ Viking Eggeling [France, 1921, 16 mm, 3’30]
Ce film d’animation, dont l’importance historique est reconnue, est au cinéma d’avant-garde ce que l’œuvre de Kandinsky est à la peinture : la recherche d’un langage élémentaire fondé sur le contrepoint visuel, généré par l’articulation abstraction-musique-mouvement. Il s’agit d’un témoignage précieux sur les recherches plastiques de cet artiste lié au groupe Dada de Zurich, mort précocement.

Laverie automatique _ Emile Cohl [France, 1910, 16 mm, 2’]
Par le père du cinéma d’animation et du dessin animé, une fantaisie insufflant une vie propre aux objets.

Study n°5 _ Oskar Fischinger [Allemagne, 1930, 16mm, 3’]
Synchronisée sur une chanson d’une comédie musicale américaine, I've Never Seen a Smile Like Yours, une étude chorégraphique de fines formes et de lignes ondulantes par un des maîtres de la « musique visuelle ».

Yantra _ James Whitney [USA, 1950-57, 16 mm, 8’]
Ce classique du cinéma expérimental, fruit d’un travail de sept années effectué à la tireuse optique à partir de simples cartons percés à l’épingle, est l’interprétation d’un univers en gestation, explosant en une myriade de points et de couleurs sur l’écran devenu vase alchimique.

Reasons to be glad _ Jeffrey Scher [USA, 1980, 16 mm, 4’]
Un message pour la Saint-Valentin dédié à Xavier Cugat. Un éloge de la vie, de l’amour combinant dessins, aquarelles, collages, multiplicité des couleurs et dynamisme du montage. Quelques raisons d’être heureux…

The visible compendium _ Larry Jordan [USA, 1992, 16 mm, 17’]
Un almanach merveilleux où s’animent des collages surréalistes à la Max Ernst.

Symmetricks _ Stan Vanderbeek [USA, 1971, 16 mm, 6’]
Une éblouissante peinture électronique, combinant dessin à la main et dessin par ordinateur, virevoltant au rythme d’un tabla indien.

Particles in space _ Len Lye [USA, 1979, 16 mm, 4’]
C’est l’énergie même de la lumière qui est modelée ici au rythme de tambours africains, par grattage d’une amorce noire, image par image, pour nous livrer un pur chef-d’œuvre du cinéma sans caméra.

Interludes par Verena Schaukal
www.verenaschaukal.de

Durée : 1H15

*

Vendredi 7 avril / 20H30

Höhenrausch _ Siegfried A.Fruhauf [Autriche, 1999, 16mm, 4’]
Un panoramique tête bêche des paysages de l’Autriche, à base de cartes postales, sur fond de yodle électrique.

69 _ Robert Breer [USA, 1968,16 mm, 5’]
Un jeu d’alternance et de désintégration optique de formes aux arêtes vives ou en 3D, dessinées sur des cartes à l’aide d’un couteau et d’une règle, en rotation dans l’espace.

Feeling my way _ Jonathan Hodgson [GB, 1997, vidéo, 5’30]
« Déambulation poétique à travers Londres, Feeling my way épouse les circonvolutions de l’auteur qui commente son parcours à coup d’humour noir très graphique.(…) Il superpose fiévreusement aux plans tournés en vidéo Hi-8 des collages, des bruits, des dessins impromptus, des grattages et autres animations. » Repérages.

Retropolis _ Semiconductor [GB, 1999, vidéo, 4’48]
Une exploration des environnements sonores générés par notre quotidien as/servi par le tout-électronique et mis en image - Super 8 et numérique combinés - par Ruth jarman et Joseph Gerhardt.

Monologue extérieur _ Francien Van Everdingen [Belgique, 2003, 16 mm, 2’35]
Un film inspiré par les tableaux d’Antoine Vuillard.

_grau _ Robert Seidel [Allemagne, 2004, vidéo, 10’]
Une tentative, liée à l'expérience personnelle de l'auteur, de rendre compte des derniers flashs de toute une vie dans ses dernières secondes, lors d'un accident de voiture.

Two space _ Larry Cuba [USA, 1979, 16 mm, 8’]
Une danse de motifs générés symétriquement par ordinateur, sur fond de gamelan javanais.

Dat Politics _ Semiconductor [GB, 1999, vidéo, 4’30]
Deuxième panoramique de la sélection, réalisé à l’aide d’un programme informatique désormais désuet (ASCII), accompagné de la musique électronique de Dat Politics.

Sometimes _ Pleix [France, 2003, vidéo, 3’]
L'énergie et la dynamique de la destruction – un film d’une froide élégance découlant des attentats du 11 septembre 2001.

Spacy _ Takeshi Ito [Japon, 1981, 16 mm, 9’]
Composé de 700 images photographiques refilmées image par image, créant une trame complexe et vertigineuse, ce film s’apparente aux fameux paradoxes visuels crées par Escher.

Durée : 1H

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Samedi 8 avril / 20H30

La conquête du pôle _ Georges Méliès [France, 1912, 16mm, 8’40]
Le dernier film réalisé par Méliès mêle acteurs et dispositifs animés en temps réel, en un festival de trouvailles, de poésie et de drôlerie.

Papageno _ Lotte Reiniger [Allemagne, 1935, 16mm, 11’]
Un petit bijou accompagné par la musique de Mozart, parmi les remarquables films de silhouettes qui ont consacré le style unique de Lotte Reiniger.

The Alphabet _ David Lynch [USA, 1968, 16mm transféré en DVD, 4’]
Etonnante oeuvre de jeunesse de David Lynch où s’esquisse déjà l’univers claustrophobe et onirique d’Eraserhead.

Permutations _ John Whitney [USA, 1968,16 mm, 8’]
Un film représentatif des recherches de ce pionnier incontournable en matière d’animation réalisée par ordinateur, illustrant ses préoccupations sur les correspondances entre image et musique.

The man with the beautiful eyes _ Jonathan Hodgson [GB, 1999, vidéo, 5’]
D’après un poème de Charles Bukowski, l’évocation d’un souvenir d’enfance, d’une maison habitée par un clochard alcoolique, personnage romantique contrastant fortement avec la figure des parents, petits-bourgeois névrosés…

Pony glass _ Lewis Klahr [USA, 1997,16 mm, 15’]
L'histoire secrète d'un personnage de bande dessinée, Jimmy Olsen. Le collègue de Superman tente de résoudre une crise d'identité sexuelle dans un mélodrame en trois actes, mis en scène à l'aide de découpages et collages animés.

Cats amore _ Martha Colburn [USA, 2002,16 mm 2’30]
Un gang de chattes - moitié humaines, moitié animales- dansent et révèlent leurs secrets de séduction félins à des hommes-chiens... Pantins animés sur une musique de Jac Berrocal.

Science Friction _ Stan Vanderbeek [USA, 1959, 16 mm, 10’]
Une satire sociale contre les fusées, les scientifiques et la manie de la compétition de notre époque.

Possibilités du dialogue _ Jan Svankmajer
Tchécoslovaquie, 1982, 35mm transféré en DVD, 12’]
Trois chapitres autour d'un dialogue impossible : Dialogue objectif / Dialogue passionné / Dialogue épuisant. Probablement l’un des films de Svankmajer dans lequel les obsessions et le style du cinéaste sont exprimés avec le plus de brio. Ce chef-d’œuvre de l’animation a provoqué les foudres des autorités communistes tchèques de l’époque.

Bang Bang _ Jeffrey Scher [USA,1998, 16 mm, 4’]
Un test de Rorschach animé, à la recherche d’effets rétiniens colorés.

Durée : 1H20


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Jeudi 13 avril / 20H30
Vendredi 14 avril / 20H30

What about me : The Rise of the Nihilist Spasm Band
Un film documentaire de Zev Asher
(Canada, 2000, vidéo, vostf, 1H20)

« Quand vous éliminez l’échelle, la clé, le répertoire, la catégorie, les règles traditionnelles et même le fait de briser les règles, que reste-t-il ? » - Hugh McIntyre, bassiste.

Ils jouent ensemble depuis 40 ans et sont la plus grande gloire artistique dont se réclame l’Ontario (Canada) depuis Guy Lombardo. Durant le jour, les membres sexagénaires du Nihilist Spasm Band, travaillent en tant que professeurs, artistes ou médecins. Certains sont à la retraite. Mais presque tous les lundis soirs, le Nihilist Spasm Band fait du « bruit », un style de musique librement improvisée à partir d’instruments fabriqués maison. Aujourd’hui, leurs albums – anciens et récents – sont distribués au Japon où ils semblent être de véritables légendes, tournant régulièrement et apparaissant à des émissions télévisées de variétés. What about me, documentaire cacophonique et cocasse s’il en est, relate l’histoire et la récente reconnaissance du groupe, fondé en 1965, au travers d’images d’archives et de reportages récents, d’entretiens avec les six membres de la formation originelle, de réactions de leur famille, collègues et élèves, sans oublier un commentaire de Thurston Moore (Sonic Youth) et de Michael Snow.
Cette formation unique en son genre, sans appartenance à une quelconque mouvance artistique, a botté le train des conventions musicales et initié une voie radicale dans le domaine des arts sonores avec un brio, un humour, une constance que n’auraient pas reniés les Dadaïstes, ni les emplâtreurs de piano du groupe Fluxus.

www3.sympatico.ca/pratten/NSB/

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Jeudi 20 avril / 20H30
Vendredi 21 avril / 20H30

Dillinger est mort
Marco Ferreri

(France/Italie, 1968, 16mm, vf, 1H35)
Avec Michel Piccoli, Annie Girardot, Anita Pallenberg.

Une œuvre clé et subversive du cinéma contemporain, admirée par Godard et Pasolini. Film quasi mutique mais où les objets sont dotés d’une étrange dimension sonore, qui dépeint le comportement d’un homme en rupture radicale avec sa vie bourgeoise apparemment bien réglée, en l’espace d’une nuit. La découverte dans un placard de la cuisine d’un revolver enveloppé dans un vieux journal annonçant la mort du gangster américain Dillinger amorce pour Glauco/Piccoli un lent processus de conquête de sa propre liberté, empruntant les voies de la régression et du meurtre. Ferreri confronte ici, dans une grande économie de moyens, une image très léchée et une narration absolument non conventionnelle, signant son film le plus singulier au sein d’une œuvre déjà outrageusement à part.




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